A
l'occasion du Vesak 2009, célébré les 15, 16 et 17 mai, des reliques du
Bouddha historique Sakyamouni ont été transférées de Thaïlande en
France pour être installées à la Grande Pagode de Vincennes, près de
Paris.
En Inde, à la fin du
XIXe siècle, l'écroulement d'un stûpa (monument funéraire bouddhique)
appartenant au clan des Sakya (la famille du Bouddha) permit la
découverte d'authentiques Reliques du Bouddha historique, préservées
depuis plus de deux millénaires.
Au XIXe siècle, l'Inde
et la quasi totalité de l'Asie étaient colonisées. Le Gouverneur
Général de l'Inde, G. N. Curzon, ancien Ambassadeur du Royaume de Siam
- confia donc les précieuses Reliques à la Thaïlande, seul pays
bouddhiste épargné par la colonisation.
Elles furent installées
au Temple de La Montagne d'Or (Wat Saket), le plus fameux temple de
Bangkok. Mais en l'an bouddhique 2442 (1898), une prédiction révéla que
des Reliques quitteraient le sol thaïlandais pour l'Occident cent onze
ans plus tard.
En 2009, soit cent onze
ans plus tard, les Patriarches thaïlandais, approuvés par la communauté
bouddhiste asiatique, décidèrent d'offrir des Reliques au monde
occidental et de les confier à un pays européen. Les Reliques seront
officiellement remises à L'Union Bouddhiste de France qui aura la
responsabilité de leur installation et de leur protection.
Ces reliques sont arrivées par avion le 15 mai et ont été installées
définitivement le 17 mai à la Grande Pagode de Vincennes lors d'une
cérémonie religieuse. Elles ont été enchâssées dans un stupa (monument
funéraire) en bronze. Leur installation symbolise un passage de relais
du bouddhisme entre l'Orient et l'Occident.
Je précise encore une fois que, tout comme les effigies de Bouddha, les
reliques sont « sacrées » uniquement pour les symboles qu’elles
représentent.
Voici un extrait du discourt explicite du Président de l’Union
Française Bouddhiste lors de la réception des reliques a la Grande
Pagode du Bois de Vincennes.
Dans le sûtra du Nirvana, le Bouddha nous met très clairement en garde
: "Ne me regardez pas ô Ananda, mais regardez le Dharma. Après mon
départ c’est le Dharma qui sera votre Maître car celui qui regarde le
Dharma me voit." Quant à la question sur la façon de respecter, de
vénérer et de rendre hommage au Bouddha, le sûtra est très explicite :
alors que le Bouddha s’allonge pour se reposer, que les feuilles des
arbres alentour tombent pour lui faire une couche, que des fleurs
venues du ciel le recouvrent pour le protéger, que des poudres de
santal tombent également du ciel, que des musiques célestes se font
entendre, le Bouddha déclare simplement : "Ce n’est pas de cette façon,
ô Ananda, que le Tâthâgata doit être respecté et vénéré, ce n’est pas
de cette façon qu’on doit lui rendre hommage. Par contre, si un Bikkhu,
une Bikkhuni, un disciple laïc, homme ou femme, étant dans la voie de
la doctrine, étant dans la voie de l’harmonie avec les autres, vit en
suivant et en respectant le Dharma, c’est lui qui vénère et qui rend
hommage au Tathâgata et cet hommage est le plus haut". Cependant, dans
un autre passage du Sûtra, le Bouddha parle de l’importance de se
rendre en pèlerinage pour rendre hommage au Bouddha : "Il y a quatre
lieux qu’un enfant de bonne famille, pourvu de la foi pure, puisse voir
et être ému : le lieu où le Tâthâgata est né, celui où il s’est
éveillé, celui où il mit en marche la roue du Dharma et celui où il est
mort. Pour quelles raisons ? Parce que lorsqu’un enfant de bonne
famille, pourvu de la foi pure, va dans un tel lieu, sa pensée se
purifie instantanément et son esprit s’apaise".
Ces deux enseignements ne sont pas contradictoires, bien au contraire
ils sont complémentaires et s’adressent chacun à des niveaux de
pratiques différents. Ce lieu de la Grande Pagode de Vincennes est
vraiment original et unique : ici, les quatre lieux dont parle Bouddha,
ne font qu’un ! Naissance, éveil, enseignement et mort ne font qu’un et
sont réunis dans ce lieu ! La meilleure preuve en est tout simplement
notre présence ici aujourd’hui : les reliques sont présentes parce que
nous sommes présents et nous sommes présents parce que les reliques
sont présentes !
Olivier Reigen Wang-Genh
Président de l'Union Bouddhiste de France
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