Il
est assez difficile définir simplement le Bouddhisme, selon les points
de vue, c'est soit une tradition, ou une philosophie, ou une
spiritualité, ou une religion, ou
encore tout cela réuni, et peut être même plus.
Hélas toute description partielle déforme non seulement la réalité mais
procure encore des idées fausses, voire dangereuses. L'histoire des
quatre aveugles et un éléphant, raconté par le Bouddha à l'occasion
d'une dispute des philosophes, est ici pleinement significative :
" On demanda à quatre aveugles, à quoi ressemble l'éléphant. Celui qui
toucha la tête dit que l'éléphant ressemblait à une jarre, celui qui
toucha les défenses dit qu'il ressemblait à une houe de charrue, celui
qui toucha l'oreille dit qu'il ressemblait à un éventail, le
dernier qui toucha le ventre dit qu'il ressemblait à un silo de riz."
Je
vais pourtant essayer de vous donner ici une information aussi juste et
complète que possible dans les limites de mes connaissances, de ma
compréhension et de mes capacités d’expression.
Pour commencer le Bouddhisme peut effectivement être considéré comme un
ensemble complexe incluant un mode de vie avec son code éthique, des
pratiques méditatives, une spiritualité, des théories psychologiques et
philosophiques apparue en Inde au Ve siècle av. J.-C.
Son
origine est attribué à un personnage historique, le Bouddha, qui par
compassion a passé sa vie à enseigner son savoir afin d'apporter le
bonheur pour toute l'humanité. Il savait très probablement lire et
écrire grâce à son éducation princière très complète, mais il n’a
apparemment laissé aucune trace écrite ! Certains érudits pensent qu’il
ne voulait tout simplement pas laisser à la postérité des écrits
définitifs qui deviendraient un jour un livre sacré et un carcan pour
son enseignement.
Bouddha a enseigné
que tout est impermanent, tout change, tout se transforme, même
l’interprétation et la compréhension de son enseignement !
Il faut aussi garder à
l’esprit que la confiance ou l'aspiration au Bouddhisme est différente
de la foi telle qu'elle est conçue dans la plupart des religions, mono
ou polythéistes. Le Bouddhisme ne demande jamais à ses adeptes
d'adhérer à des croyances qui lui seraient imposées par des textes
sacrés ou une tradition immuable.
Bouddha Lui-même dissuadait ses disciples d'accepter aveuglément son
enseignement, il invitait tous ceux qui voulaient suivre ses traces à
vérifier personnellement ses enseignements et à s'en tenir à un
rigoureux scepticisme, et cela jusqu'à ce que la compréhension dissipe
leurs doutes. Tous les préceptes du Bouddha sont donnés pour que le
pratiquant les examine et les éprouve concrètement, il nous demande
d’avoir une démarche raisonnée face à son enseignement. Son souhait
était que chacun recherche d’abord l’essence de son enseignement pour
l’expérimenter le comprendre et trouver ensuite sa voie.
" O moines et hommes sages, comme on éprouve l'or en le frottant, le
coupant et le fondant, ainsi jugez de ma parole, et si vous
l'acceptez, que ce ne soit pas par simple respect. "
Bouddha Shakyamuni
Bouddha
ne doit pas être considéré comme un dieu, ni un envoyé de Dieu, ou un
Prophète. C’est simplement un homme qui a compris d'ou viennent toutes
les souffrances de humanité et qui a ensuite déployé toute son énergie
pour vivre avec cette vérité et l'enseigner a tous. Son seul objectif
était de donner aux hommes une meilleure compréhension du monde et
d'eux mêmes, afin de les libérer des souffrances inutiles.
Comme cette vérité ne peut pas être dite avec des mots, il a choisi de
montrer le chemin de cette vérité aux humains. Le Bouddha est
certainement un maître supérieur mais plein d'humilité.
Tous les Bouddhistes honorent et respectent bien sur le Bouddha et les
représentations du Bouddha sont évidemment innombrables. Pourtant la
statue du Bouddha n'est pas une idole, c’est d’avantage une œuvre d'art
qui rend hommage à Bouddha, et c’est surtout un rappel de son
enseignement et un symbole de la sagesse et de la compassion.
Si l'on considère tout de même le Bouddhisme comme une religion, il ne
peut en aucun cas être un culte dont le but est de relier les hommes
avec leur(s) Dieu(x) comme le signifie le mot "religion" dans les
cultures occidentales, sa fonction serait d’avantage de relier les
humains les uns aux autres et au monde dans lequel ils vivent.
Il y a pourtant un clergé Bouddhiste, mais le Bouddhiste considère les
moines plutôt comme des guides pouvant le conduire sur le chemin de la
recherche spirituelle, pas comme intermédiaires entre les hommes et
leur Dieu (la forme Tibétaine de ce clergé est une déviation archaïque
que le Dallai Lama essaie peut être de réformer en quittant son rôle de chef
d’état pour devenir uniquement un guide spirituel).
Vous devez vous-même faire l'effort, les Bouddhas ne sont que des guides !
(Dhp, 276)
Selon
le Bouddha, tout est dirigé par la loi d'interdépendance (ou la production conditionnée), nul ne peut
s'en échapper il ne peut y avoir ni de Cause Première, ni de Création
du Monde, ni non plus de Fin du Monde, puisque tout se transforme,
rien ne se perds. Ceci n’est pas un postulat, c’est la conséquence logique du
principe d'interdépendance.
C’est pourquoi le Bouddha reste toujours silencieux à la question de l'origine
de l'univers l’existante de Dieu (ou des Dieux). Pour bouddha, chercher une cause
première est une perte de temps, comme chercher la solution à l’énigme
de préséance de la poule et de l’œuf.
Le seul but de son enseignement est de nous
apprendre les véritables causes de notre souffrance et de nous monter le
chemin pour nous libérer.
" Rien n'est sans cause
et rien n'est sa propre cause "
Aujourd’hui,
la science nous enseigne que nous habitons un univers en expansion
infini créé lors du big-bang et qui finira par se dilater jusqu'à sa
dissolution totale dans le vide, certains chercheurs commencent même à
se demander ce qui précédait le big-bang, et il n’est pas encore
certain que l’expansion de l’univers soit infinie.
Cette théorie est simplement la plus précise disponible actuellement
pour décrire notre connaissance de l’univers avec les moyens techniques
du moment, mais certains chercheurs cherches déjà a comprendre ce qu'il
y avait avant le Big-bang
Apparemment
cela ne
change rien dans notre vie quotidienne, et ce savoir ne nous sauvera
pas
de la folie de certains hommes qui chaque jour détruisent un peu plus
notre planète, et en même temps les chances de survie de l’humanité
toute entière. A moins que…
Les mêmes théories cosmogoniques nous apprennent que les humains,
comme toutes les formes de vie, sont bâties avec des atomes de carbone
et d’oxygène forgés dans la fournaise nucléaire de plusieurs générations d'étoiles,
elles-mêmes issues des atomes légers hélium et hydrogène qui sont le
produit du big-bang. Ceci confirme que nous sommes donc vraiment tous les enfants des
étoiles !
La
science de l’écologie nous a fait découvrir que l’écosystème de notre
planète est un tissus complexe et fragile, composé d’une infinité
d’interactions et de relations subtiles entre toutes les espèces
vivantes et leur milieu. Nous avons maintenant la certitude que notre bêtise est en
train de mettre en
péril ce système que nous commençons à peine à comprendre, mais hélas nous ne faisons pas grand-chose pour changer cela.
Et les balbutiements de la conquête de l’espace nous ont fait découvrir le vrai visage
de notre planète. Nombreux sont les astronautes qui avouent avoir eu un
choc émotionnel immense en découvrant de leurs yeux la fragilité et la
subtile beauté de la terre perdue dans l’immensité du cosmos froid et
sans vie. Nous ne sommes peut-être pas seuls dans l’univers, mais en cas
de catastrophe, nous n’avons hélas aucun autre refuge que la Terre.
La
science nous apprend donc que tout est lié (l’interdépendance),
qu’aucune chose ne peut avoir plus d’importance qu’une autre
particulièrement dans notre écosystème (la vacuité), que tout change à
chaque moment, que ce soit l’évolution des espèces ou de l’univers qui
commence avec le big-bang et fini par se dissoudre dans le néant
(l’impermanence) que les ressources de l’humanité sont limités et
l’histoire de l’humanité montre qu’un partage injuste (l’avidité) nous
conduira fatalement a des guerres successives et inutiles
L’interdépendance,
l’impermanence et la vacuité de toutes les choses et les dangers de
l’avidité c’est exactement cela que le Bouddha a enseigné il y a plus
de 2500 ans !
Le
Bouddha, avait déjà compris la
véritable nature de l’univers et les vrais problèmes de l’humanité, il
enseigne que c’est grâce à une meilleure compréhension de la
vacuité, de l’interdépendance, de l’impermanence que nous vaincrons
notre insatisfaction, et cette soif, cette avidité humaine qui est à
l’origine de toutes nos souffrances.
Mieux, il nous propose une solution pour nous libérer de notre
ignorance et de la souffrance que nous produisons nous même, c’est
peut-être la seule qui soit efficace, et c’est uniquement cela qu’il a
essayé de nous enseigner. L’esprit du Bouddhisme est orienté vers une
perspective de plein épanouissement du potentiel de chaque humain.
Le Bouddhisme n'est donc pas une pensée idéaliste, ni matérialiste et
surtout pas nihiliste. La doctrine de la production conditionnée (l’interdépendance) est la
« voie du milieu », elle ne tombe dans aucun extrême.
Le Bouddhisme est
avant tout une voie originale avec ses principes concrets de recherche
de la compréhension de soi-même, des humains que nous côtoyons et du monde qui nous entoure.
Mais le Bouddha nous met aussi face à nos responsabilités, pour les
bouddhistes, chaque homme joue un rôle actif et unique dans sa vie
propre comme dans la vie collective. Il est donc directement
responsable de sa vie et indirectement responsable de la vie d'autrui (c'est cela le Karma à la fois individuel et collectif)
J’en conclu que même si Dieu existe, ce n’est pas a Lui de nous sauver
(dans tous les sens du mot sauver). Ce ou celui que certains nomment Dieu n’est
tout simplement pas là pour cela !
La
preuve, pour les Chrétiens, Dieu a envoyé son fils fait Homme pour nous
enseigner la compassion, le pardon, l’amour du prochain…. Au lieu de
cela, le Dieu des Chrétien aurait pu, par sa simple volonté, donner dès
la Genèse toutes ces qualités aux hommes !
Mais il n’en a rien fait,
parce ce qu’il respecte notre libre arbitre. Relisez la Genèse, il
parait que Dieu lui-même nous a accordé ce libre arbitre !
C’est
donc à chacun de nous de faire l’effort nécessaire pour comprendre le
monde qui l’entoure, découvrir quelle est sa vraie place dans ce monde,
s’améliorer et se sauver.
C’est aussi à chacun de nous de trouver en soi suffisamment de compassion pour aider les autres à trouver et suivre cette voie.
C’est ainsi et seulement ainsi que l’humanité peut se sauver elle-même. C’est la seule voie possible !
Voici ma façon d’interpréter aujourd’hui la Voie du Milieu, mais la
certitude n’est pas non plus de mise, parce que tout change tout est
impermanent.
Vous voulez en savoir un peu plus ? Vous n’avez pas oublié l’histoire
des quatre aveugles et de l’éléphant ? Alors vous pouvez poursuivre la
lecture avec les trois joyaux du Bouddhisme.
Bertrand Schmerber
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