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C’est le monde de souffrance que décrit la première des Quatre Vérités.
Dans tout organisme vivant, à chaque instant des cellules naissent vivent et meurent, au bout d’un certain temps, toutes les cellules de notre corps auront été remplacées par des nouvelles cellules, chaque atome aura été remplacé ! Pourtant l’illusion de permanence est si puissante que nous croyons être éternels, et nous identifions pendant toute notre vie cet organisme changeant à notre corps. L'univers est comme un torrent d'eau qui coule et non pas une mare d'eau dormante. Les hommes naissent, vivent et meurent, comme les vagues de l'océan s'élèvent et s'abaissent sans cesse. Autrement dit, il n'y a pas ce qui "est" mais seulement ce qui "devient". Devenir signifie "instable" et mobile, changeant. L'impermanence c’est le cycle des existences conditionnées par le karma, c'est-à-dire les états de l'existence sous l'emprise de la souffrance, de l'attachement et de l'ignorance. Ce monde et tout ce qu'il contient est transitoire, et particulièrement la vie qui est aussi fragile qu'une bulle. L’incompréhension de l'impermanence (ou du samsara) est une des principales causes de la souffrance que décrit la seconde des Quatre Vérités Pourtant l'impermanence est une promesse de changement, c’est même une source d’espoirs, le progrès sur la voie spirituelle n'est possible que parce que, comme toute chose, notre état présent de non éveillé est lui aussi impermanent !
La vacuité
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" Quand ceci est, cela est. Ceci apparaissant, cela apparaît. Quand ceci n'est pas, cela n'est pas. Ceci cessant, cela cesse." Mn, I, 264
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Selon le Bouddha, la question de la première cause est un faux
problème, il n'existe pas de commencement unique et absolu aux choses
composées, ni à l'univers, ni aux êtres vivants. Parce qu’il n’est donc
pas possible de distinguer strictement causes et effets, la science ne
peu pas découvrir réellement la première cause ou le dernier effet.
Spéculer sans fin sur l'existence d'une cause première qui serait
l'origine de tout est vain, le concept même de la première cause marque
un arrêt total dans le progrès de la connaissance de l'homme.
" Je vous ai enseigné, moines, à voir la production conditionnée partout et en toute chose." Mn, III, 19 ; Sn, III, 103
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Une autre définition pourrait être « Tout est par nature même interdépendant, rien ne peut exister seul de par son unique présence, tout ce qui est existe seulement grâce à une multitude de liens avec ce qui l’entoure, le précède et lui succède. C’est la trame de notre univers ». La définition de la vacuité par la notion de l’interdépendance est à mon avis plus compréhensible pour les occidentaux,
Cette approche est particulièrement vraie pour un être humain qui hérite bien sûr de ses parents et de ces ancêtres biologiques, mais l’esprit humain se construit aussi grâce à ses professeurs et à tous les autres esprits qu’il aura fréquentés depuis sa naissance. Cet héritage de ses « ancêtres culturels » se prolonge en réalité dans la nuit des temps grâce à la transmission du savoir par la parole et l’écriture. D’autres liens aussi nombreux partent de chaque humain et plongent vers l’avenir puisqu’il pourra lui aussi avoir des enfants et influencera lui aussi de nombreux autres esprits sa vie durant.… (Je me suis toujours demandé s’il ne s’agi pas là de la véritable nature de la réincarnation).
En poussant la réflexion sur la vacuité (ou l’interdépendance) un peu plus, on pourrait se demander si un événement existe vraiment s’il n’y a pas d’observateur ! C’est la fameuse question de Korsibsky à ses élèves pendant le premier chapitre de l’introduction à la sémantique générale: « Quel est le bruit que fait un arbre qui tombe lorsqu’il n’y a personne pour l’entendre ? » La seule réponse « juste » est donnée dans la question, c’est simplement « Je ne sais pas. » puisque personne ne l’a entendu. Rare sont les personnes qui pensent spontanément à cette réponse, parce que nous sommes conditionné par notre civilisation rationaliste et arrogante qui nous fait croire que la science et la logique scientifique peuvent résoudre absolument tous les problèmes. Mais il ne faut jamais oublier que « tout » est une abstraction, et en dehors des mathématiques c’est mot aussi vide de sens que son contraire « rien ».
Bertrand
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L'idée
du nirvāṇa assez vulgarisée dans le public comme étant un « paradis »
où l'on continuerait à exister après la mort est absurde et
contradictoire avec la thèse bouddhiste du non-soi et de la vacuité des
phénomènes et de l'Absolu.
Le terme de Nirvana et le concept qui s’y rapporte apparaissent très
tôt dans les premiers textes canoniques, c'est-à-dire presque dès les
origines du bouddhisme. A l’origine le mot Nirvāna est un terme
sanskrit (nirvāṇa), qui signifie « le souffle qui éteint la douleur »
d'une flamme ou d'une fièvre et par extension « apaisement » ou «
libération ». Ce mot représente le geste d’une maman qui souffle sur la
blessure de son enfant pour faire partir la douleur, même si elle est
imaginaire.
Dans son acceptation bouddhique, la plus commune aujourd'hui, ce terme
désigne la finalité de la pratique bouddhique, c’est à dire l'Éveil
(bodhi). Le Nirvana représente une sorte de but ultime. Il est souvent
aussi appelé « l’extinction de la soif » celui qui atteint le Nirvana
est libéré du Dukkha (ce qui est mauvais, douleur, souffrance,
imperfection), il est libre des poisons de l’esprit (désirs, ignorance,
haine), il est arrivé à la fin de son Karma !
En
terme positif, on peut donc dire que le Nirvâna est la « paix
absolue », dans certains enseignements le Bouddha utilise parfois le
mot « Vérité » pour désigner le Nirvana.. Mais comment pourrait-on
décrire l'absolu avec un simple langage humain? Comment faire connaître
à un poisson ce qu'est la terre?
C’est probablement pour cette raison que le langage bouddhique, utilise
souvent des termes négatifs pour décrire ce que n’est pas le Nirvâna,
il est en général question d’« extinction de la soif », de « l’absence
de désir », de « la fin de la souffrance dans cette vie », de « la fin
de la croyance en un ego autonome et permanent ».
Le nirvāṇa n’est donc pas un lieu ou une chose, on ne peut donc ni y «
entrer » ni y « rester ». Ce n’est absolument pas la mort (même au
contraire), ce n’est pas non le vide ou le néant.
Il
pourrait correspondre à un aboutissement survenant à la suite de
l’anéantissement du désir, l’anéantissement de la haine,
l’anéantissement de l’égarement. On peut aussi concevoir le Nirvana
comme une prise de conscience absolue de la totalité des phénomènes,
qui engendre un état de plénitude ultime et sans fin. Une béatitude qui
transcende le cycle de la réincarnation en procédant par l’extinction
des souffrances et du désir.
Mais il est incorrect de penser que le Nirvana est le résultat de
l’extinction des désirs, de la « soif », le Nirvana est en dehors du
samsara, il ne peut donc pas être le produit d’une cause, ni un effet !
Le Nirvana EST, la Vérité EST, la Voie du Milieu que nous enseigne le
Bouddha est simplement le chemin qui nous permet de voir et peut être
de comprendre le Nirvana
Celons les Bouddhistes Il existe aussi plusieurs « degrés » de Nirvana,
d'une part, le Nirvâna complet des Bouddhas, des Eveillés Parfaits
comme Bouddha Sakyamuni, et d'autre part le Nirvâna partiel que nous
pouvons tous atteindre dans cette vie. Peut être que le Nirvana n’est
pas une notion que l’on puise expliquer et comprendre, il suffi
probablement de le conquérir petit à petit, degré par degré !
Plus
on progresse dans la juste compréhension de l’impermanence, de la
vacuité et de l’origine de notre souffrance, plus cette souffrance
universelle s’éloignera de nous, c’est la troisième des Quatre Vérités,
Ce
qui est certain pour tous les Bouddhistes, c’est que le Dharma
(l’enseignement du Bouddha) est la voie qui conduit à l'apaisement des
souffrances et à l'épuisement de la soif, jusqu'à l'Éveil qui fait
sortir définitivement du Samsara, pour accéder au Nirvâna.
La dernière des Quatre Vérité est alors la clef du Nirvana.
Voici en vérité, ô moines, la Noble Vérité du chemin qui mène à la
cessation de la souffrance : c'est la sainte Voie octuple, à savoir
l'opinion juste, la pensée juste, la parole juste, l'activité juste,
les moyens d'existence justes, l'effort juste, l'attention juste, la
concentration juste."
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